Cours nouveau.

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Le 26/05/2016 à 08:52


Cours nouveau. La création de RESO marque la volonté de pouvoir prolonger, dans des conditions difficiles et indécises, la politique expérimentée par les travailleurs sociaux du F.A.R. au cours de trente années d’expérience. Faire en sorte que le savoir être auprès des personnes accueillies, le souffle ténu de l’autogestion, ne soit pas définitivement inscrit au passif de quelque sinistre liquidateur. C’est ce bien précieux que, tels les gardiens du feu, nous voulons continuer à faire vivre. Le refus par l’Etat d’une quelconque prise en compte de notre travail est une chance, sinon un honneur en ces temps de massacre des droits des plus faibles. Tout bien considéré, la reconnaissance et le financement s’accompagneraient de contraintes et de contrôles tatillons peu compatibles avec les principes d’indépendance de RESO. L’heure est dans le social comme dans le sanitaire, à la concentration et à la restructuration. Une récente circulaire du Premier ministre pointe l’éclatement du secteur en une myriade d’associations qu’il s’agit de regrouper. L’admission dans les établissements dépendra des décisions prise par des salariés qui travaillent sur dossier et peu au contact des demandeurs. Ce sont des mesures de contrôle, à la fois sur les populations paupérisées par la crise sans fin, et sur les structures d’accueil dont il s’agit de réduire les coûts. La disparition du CHRS le FAR qui assurait l’hébergement et l’accompagnement social d’une centaine de personnes a consacré la fin de la seule structure généraliste du département. « Généraliste » signifie que l’accueil ne s’opère pas en fonction de telle ou telle catégorie de la population contrainte de faire appel aux services sociaux pour soulager un tant soit peu les rigueurs infligées par l’existence. Les CHRS n’ont pas disparu. Mais ils se transforment en « lieu dédié » en fonction des « problématiques ». Les travailleurs sociaux ont, dans l’ensemble, activement participé à l’organisation de cet étiquetage, de cette mise en case. Parce que c’est plus confortable, que ça nécessite moins de réactivité, d’imagination. D’une manière générale, le travail social subit également de plein fouet les rigueurs engendrées par la crise du capitalisme et le retour à l’ordre moral répressif. Par ou commencer ? RESO a vu le jour pour continuer l'action d'OSER. Mais en quoi consistait l'originalité de la défunte association ? Essayons de résumer. Suite à la liquidation d’OSER, nous écrivions : « Au FAR, tout le monde était accueilli : les hommes comme les femmes, les travailleurs pauvres, les chômeurs, les bénéficiaires du RMI ou d’une allocation liée à leur handicap, les fous, les demandeurs d’asile et les sans papiers. Et même les familles avec enfants durant ses quatre dernières années d'existence. L’accueil « à la porte », sans sélection préalable, à la seule condition qu’une place soit disponible, favorisait cette mixité sociale. La configuration des bâtiments, avec ses larges baies vitrées sans rideaux, ses portes sans sonnettes, jamais verrouillées dans la journée, sa cafetière fumante en libre service, ses bureaux ouverts ou chacun se sentait attendu, ses espaces verts non clôturés, la présence des animateurs 24h sur 24h toute l’année, tout cela rendait possible toutes les libertés, les audaces, les expérimentations. En retour, la capacité d’initiative, la responsabilité de salariés étaient renforcées par l’absence de hiérarchie, l’autogestion. » OSER c'était avant tout une manière d'appréhender l'exclusion, à contre courant des analyses culpabilisantes cherchant dans le comportement de chaque pauvre les causes de ses malheurs. Ce postulat impliquait la solidarité active avec ceux qui sont rejetés sur le bas coté de la société plutôt que la commisération. D'ou cette proximité avec les résidents (d'aucuns ont parlé de fraternité) permettant, par delà la différence de statut, de les associer aux mouvements sociaux (Droit au Logement, AC,) ou politiques (participation à des élections). Ajoutons une analyse de la crise du logement qui doit plus à Engels qu'à l'abbé Pierre, de la crise économique qui doit plus à Michel Husson qu'à Jean-Marc Sylvestre, des principes philosophiques qui doivent plus à Daniel Bensaïd qu'à BHL. Le tout cimenté par une pratique autogestionnaire (partage des responsabilités et des salaires, non hiérarchie, prise de décisions en commun) construite sur trois décennies. Que reste-t-il de tout cela ? Que devons nous garder ? Que faut-il changer et pourquoi ? Il y a urgence à revisiter un projet associatif qui soit notre profession de foi et qui réaffirme nos principes. Au-delà, il s'agit de lui donner corps en définissant les moyens à mettre en oeuvre pour le faire exister. Nous ne pouvons nous contenter de gérer une pension de famille, certes conviviale, mais qui ne fait ni plus ni moins que répondre aux voeux des pouvoirs publics qui chargent le lobby caritatif de sa propre incurie. Lors de sa fondation, RESO s'était dotée d'une kyrielle de commissions visant à associer les militants à la vie de l'établissement. Trois ans ont passé et le bilan est sans nuances. Les anciens salariés d'OSER ont vogué vers d'autres rivages et la troupe des bénévoles s'est amenuisée au fil des mois. Il ne faut pas être trop ambitieux et trouver un chemin entre le souhaitable et le possible. La volonté d'éviter toute ghettoïsation doit nous guider. En ce sens, l'accueil et le soutien des demandeurs d'asile renoue avec une tradition d'ouverture sur la vie de la cité. Continuité et rupture. Nous voulons renouer avec le projet imaginé au moment de la création de l’hôtel. Il prévoyait de proposer un habitat de droit commun de 30 places avec le respect du statut locatif tout comme celui de la libre jouissance des lieux privatifs. La mixité était à rechercher sous toutes ses formes : mixité d’âges, de situations de familles, de parcours, d’histoires de vies… Mais la volonté de l’association, lors de la mise en place de la structure, était avant tout de « faire cohabiter des populations très différentes les unes des autres, leur seul point commun étant la faiblesse de leurs revenus et leur isolement, leurs difficultés d’exclusion sociale… Le brassage des populations et des situations sociales sert à rompre cet isolement. » (Extrait du R.A. 1993). L’association souhaitait ainsi aider toutes ces personnes à retrouver une certaine sécurité de logement en même temps que le sens de la relation. La mixité espérée ne s’est pas produite et au fil des ans, l’hôtel est devenu le débouché « naturel » du FAR en termes de logement. La fin de non recevoir opposée à notre demande de statut de maison relais nous permet de repenser nos critères d’admission, nos « missions ». Elle nous contraint à privilégier l’accueil de personnes à faibles revenus recherchant un logement, mais ne nécessitant pas un accompagnement éducatif lourd que nous ne sommes plus en mesure d’assumer. En septembre, on ouvre un resto ! Ce projet vise à enrichir la fonction première d’hébergement de l’association. Il entre en résonnance avec le texte adopté lors de la dernière assemblée générale prônant l’ouverture de l’association vers l’extérieur. Il prétend concourir à l’orientation vers une alimentation responsable en fonction de véritables besoins, remettant en cause la consommation excessive, anti-écologique, non nécessaire, superflue et injuste promue par le système capitaliste. Comme, par exemple, manger des fraises en janvier et des cerises en octobre. Sans tomber dans l’intégrisme bio, il souhaite offrir une nourriture équilibrée et de qualité à des personnes que le manque d’argent ou de temps oblige à faire l’impasse sur le moment du repas. A celles et ceux qui ne disposent que d’une demi heure pour avaler un méchant sandwich arrosé d’un coca au prix exorbitant. Cette action ne se limite pas à proposer une possibilité de s’alimenter : tout comme les autres champs investis par RESO, elle doit être un support pour établir des alliances entre les divers secteurs sociaux atteints par la crise afin d’agir politiquement. La situation de crise systémique du capitalisme, avec ses diverses facettes — écologique, financière, alimentaire, énergétique… — rend l’action politique collective plus nécessaire que jamais. La recherche de passerelles entre les paysans, les travailleurs, les précaires, les femmes, les immigrés, les jeunes… est une condition indispensable pour se diriger vers cet « autre monde possible » que les mouvements sociaux préconisent. Pour cela, il est essentiel de créer des espaces de résistance, de transformation et d’action collective. Et les palabres autour d’une bonne jaffe sont toujours l’occasion de tisser des liens, de refaire le monde... En gardant à l’esprit qu’un changement de paradigme dans la production, la distribution et la consommation n’est possible que dans un cadre plus large d’une transformation politique, économique et sociale. Inventer. La nouvelle activité va bouleverser le fonctionnement quotidien de l’hôtel : -Elle nécessite la « neutralisation » (fermeture) de la partie restaurant de l’établissement pendant la matinée pour garantir la tranquillité des cuisiniers et des commensaux. -Elle entraîne la modification partielle du travail des salariés et la mise en place d’une équipe de militants sur qui l’on puisse compter dans la régularité et la durée. -Elle peut (doit ?) associer les résidents sous réserve d’une vigilance rigoureuse à l’égard de l’hygiène. -Elle implique le recrutement d’un cuisinier professionnel (mi-temps ? quelles aides de l’Etat ou des collectivités territoriales ? etc.) dont le profil soit en accord avec les valeurs soutenues par l’association. La liste n’est pas exhaustive et demande réflexion et élaboration. RESO : objet social non identifié. L’absence de reconnaissance par les pouvoirs publics, matérialisée par le refus d'un quelconque agrément, nous fragilise en même temps qu'elle renforce notre indépendance. Mais l'administration a elle aussi horreur du vide et nous devrons bien trouver une niche à occuper. A priori, le maintien du statut associatif semble préférable à celui de commerçant. Mais il ne nous évite pas les tracasseries fiscales telles que l'impôt sur les sociétés et autres taxes professionnelles, TVA. De même que rien ne nous dispense des règles concernant la sécurité des personnes. Il faut rapidement refaire le point sur toutes ces questions afin de ne pas donner l'occasion à ceux qui nous aiment de nous torpiller. Les sous. Le résultat des années 2007 et 2008 est positif. L'année 2009 est à l'image des précédentes. Pour 2010, nous avons convaincu la FAP de la viabilité de notre nouveau projet. Ses délégués ont intégré comme donnée que nous n'aurons pas de soutien des pouvoirs publics mais que nous pouvons trouver le complément avec d'autres sources de financements, afin qu’ils ne soient pas notre seule béquille. Ils nous garantissent par ailleurs que notre partenariat n’est pas synonyme d'absorption ou de mise sous tutelle. Pour 2010, la Fondation nous accorde de nouveau son aide à hauteur de 25 000€. Mais au delà ? Comme nous ne pouvons plus attendre des pouvoirs publics ou des collectivités locales qu'ils garnissent notre sébile, nous devons compter sur nos propres forces. Il faut d'urgence convaincre de nouveaux adhérents. Du temps de sa splendeur, OSER a compté jusqu'à 150 adhérents contre une petite soixantaine pour RESO. Mais les adhérents, s'ils peuvent contribuer au soutien de l'association et assurer sa promotion ne peuvent pallier le déficit des aides des pouvoirs publics. Toujours à titre de comparaison, la souscription la plus réussie d'OSER avait permis de récolter 7000€. Ce n'est pas rien mais ça n'assure pas le paiement des salaires. Restent les sponsors privés et les généreux donateurs à conditions qu'ils respectent l'indépendance de l'association. Budgétairement, l'hôtel est viable sans salariés. Les recettes constituées par les loyers couvrent les frais de fonctionnement. La masse salariale est grosso modo de 35000€ dont le paiement est rendu possible par la FAP. Budget et comptabilité. Avec l’ouverture du restaurant, l’association devra procéder à une exacte répartition de ses charges entre les deux secteurs, l’activité lucrative devant supporter toutes les charges qui lui incombent et seulement celles ci. Les charges communes aux deux secteurs d’activité (hébergement et restaurant) doivent faire l’objet d’une ventilation. Les mêmes principes sont applicables pour les produits. Il est nécessaire de retracer les opérations monétaires dans une comptabilité distincte de celles de l’association et de l’activité hébergement. Le budget prévisionnel de cette nouvelle activité est construit à l’équilibre sur 4 mois (de septembre à décembre). Les recettes des repas anticipent un taux de remplissage à 90% (1800 repas vendus en 4 mois). Le coût unitaire du repas est prévu à 4€. Nous devons définir en amont le « produit » que nous allons offrir : détailler les menus, prospecter les fournisseurs, établir un coût de revient plus précis intégrant le salarié et les charges. En amont, le Dispositif Local d’Accompagnement (DLA) dont la gestion est confiée à l’AGLCA nous assiste : Etude de faisabilité, étude de marché notamment. Le Laboratoire départemental d’analyses de l’Ain (qui dépend du Conseil Général) est venu visiter l’établissement et nous conseille pour les questions d’hygiène et d’infrastructure. Le cabinet d’expertise comptable AINDEX est prêt à nous guider dans le labyrinthe de la fiscalité associative. L’indice retenu pour le salarié (0,60 ETP) est celui de la convention collective 51 (329 : ouvrier professionnel de 1ère catégorie). Le salaire mensuel est d’environ 800€ brut. Le contrat de départ sera un CDD de quatre mois. Les charges (Comptes 60, 61, 62) sont réparties au prorata de l’activité hôtel et de l’activité restaurant. Les investissements seront réalisés grâce aux fonds dédiés épargnés sur les exercices précédents, en accord avec la FAP. Dans les produits est intégrée une part de la subvention attribuée par la FAP et de la souscription à venir.

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